L’année 2020 a largement transformé nos vies sous différents aspects: nos manières de travailler, de socialiser, de magasiner ou même de fêter à distance avec nos proches! C’est donc sans surprise qu’elle a eu un impact majeur sur le domaine de la sécurité. Comment Gardium Sécurité a-t-elle su se réinventer? Pour en discuter, nous nous sommes entretenus avec Dany Laflamme, président-directeur général.
Je suis associé depuis pratiquement les touts débuts de Gardium. J’ai été nommé président de la compagnie en 2012.
Je suis également le président de l’Association Provinciale des Agences de Sécurité (APAS) depuis maintenant trois ans. J’ai eu l’honneur d’avoir été élu par mes pairs pour occuper ce rôle.
L’impact le plus important a été effectivement au niveau des demandes des clients pour avoir une présence d’agents de sécurité sur leur site. Nous avons eu énormément de demandes, à la fois de la part des clients actuels que des nouveaux clients, ce qui nous a amené à des embauches massives. À ce niveau, je suis fier de dire que Gardium était en avant de la parade lorsque la pandémie a été déclarée par les autorités gouvernementales.
Le plus gros défi a été de gérer la croissance. Pour y parvenir, nous avons dû rapidement établir de nouvelles priorités. D’abord, nous nous sommes assurés de répondre aux besoins de nos clients actuels en matière de gardiennage, puis les besoins d’agents des clients de nos autres expertises.
Ensuite, nous nous sommes concentrés sur les nouveaux clients issus de deux secteurs prioritaires à nos yeux: la santé (hôpitaux, tentes de dépistage, résidences pour personnes âgées) ainsi que l’alimentation.
En temps de crise, le Bureau de la Sécurité privée est autorisé à émettre des permis temporaires (ou des permis « pandémie »). Ces derniers nous permettent de répondre plus efficacement aux besoins urgents en recrutant des personnes avec peu ou sans expérience. Nous avons encadré ce nouveau personnel avec la présence de patrouilleurs sur le terrain pour supporter ces nouveaux agents dans les tâches à accomplir.
De plus, puisque l’économie était en quelque sorte sur pause, nous avons fait appel au personnel des autres expertises de Gardium pour qu’ils puissent venir prêter mains fortes à la division Gardiennage.
Nos employés ont apporté leur aide de différentes façons, que ce soit directement sur le terrain ou aux niveaux des embauches, de la répartition et de la formation ou de l’encadrement.
La pandémie nous a permis, également, de recruter des gens de talent. On a eu de belles surprises! Nous avons eu des gens qui provenaient d’un secteur autre et qui prévoyaient nous rejoindre que pour quelques semaines. En peu de temps, les préjugés qu’ils pouvaient avoir par rapport à l’image de l’agent de sécurité, souvent vu comme le bouncer à l’entrée des bars, sont tombés. Ils ont vu ce qu’était réellement le métier et certains vont demeurer avec nous à long terme.
Pour aider au recrutement, nous avons également autorisé l’embauche d’un nouveau directeur des ressources humaines, Guillaume Lapointe. Nous avons aussi fait appel aux services marketing d’Uzinakod pour nous aider sur l’image de marque employeur et le recrutement via les réseaux sociaux. Nous avons également fait plusieurs campagnes de recrutement à divers stations radiophoniques.
Toutes ces mesures nous ont permis de passer de 1800 employés en mars 2020 à 2400 aujourd’hui.
Une forte majorité de clients réguliers leur ont offert des masques, des lunettes, des visières et même du gel désinfectant pour se laver les mains. Nous sommes très reconnaissants de leur collaboration.
Pour tous les nouveaux contrats, en plus de compter sur la collaboration des clients, nous avons mis en place toute une série de mesures. Par exemple, nous avons fourni rapidement un équipement de protection individuelle (masques) à nos employés. À d’autres endroits, ce fût du gel désinfectant, etc. Bref, nous étions prêts à cette éventualité.
Dans un autre ordre d’idées, nous avons dû prendre des décisions d’affaires plus cruciales pour assurer proactivement la sécurité de nos employés. Par exemple, nous avons refusé un contrat qui ne respectait pas les mesures sanitaires. C’était tout simplement impensable d’envoyer notre personnel dans cette situation!
Tous les départements ont été touchés. Entre mars et juin, l’activité économique a littéralement été mise sur pause. Les entreprises n’embauchaient plus, donc il y a eu très peu de vérifications d’antécédents durant cette période.
Les installations de caméras ont aussi été arrêtées, car elles n’étaient pas essentielles et augmentaient le risque de contamination.
Depuis la reprise au début de l’été 2020, nos activités dans ces secteurs ont repris progressivement et sont maintenant au même rythme qu’avant la crise, voire plus!
Entre 40 et 50 employés travaillent à nos bureaux et ils ont tous vu leur quotidien bouleversé, surtout lors de la première vague.
Toutes les activités que nous avons été en mesure de sortir des bureaux sont depuis effectuées en télétravail. Ça implique entre autres tout ce qui est comptabilité et facturation. Ce qui est resté en présentiel, c’est principalement la répartition et les ressources humaines.
Le volume de travail a littéralement explosé! Tel que mentionné plus tôt, nos employés des autres expertises ont prêté mains fortes aux besoins de recrutement pour le gardiennage. Nous avons aussi fait appel à du personnel temporaire, notamment pour faire de la saisie de données et ainsi réduire la tâche de nos équipes.
Nous avons eu l’occasion de respirer au début du mois de juin 2020 et revenir à un rythme plus régulier, mais le travail à distance demeure.
Vers la fin mai/début juin, les demandes de vérification ont repris à environ 50% du volume régulier. Progressivement, cette proportion a augmenté jusqu’à 100% et elle est maintenant plus élevée qu’avant le début de la pandémie!
Nous constatons que cette expertise reflète bien le niveau de l’activité économique. Dès que les embauches augmentent ou diminuent, les demandes suivent évidemment la même tendance.
Avant la crise, nous avions commencé à travailler sur notre nouvelle plateforme Pré-emploi. Nous avons pu y consacrer plus d’énergie et elle est maintenant disponible pour nos clients.
Le contexte nous a permis d’investir pour deux raisons. D’abord, nous avons pu dégager du temps pendant que les activités étaient moins fortes. Si vous voulez faire le ménage de printemps de votre voiture, vous devez le faire quand elle est arrêtée et non pas lorsqu’elle est à plein régime. C’est le même principe pour une entreprise.
Il y aussi l’aspect financier. Le contexte de la pandémie et la hausse du volume nous a permis de dégager des sommes pour investir.
Nous en avons profité pour moderniser nos outils de gestion et pour automatiser certains de nos processus. Nous avons fait également l’acquisition de l’Agence Métropolitaine d’Investigation (A.M.I), reconnue pour son expertise en prévention des pertes, pour compléter notre offre de sécurité. Et nous avons investi pour améliorer notre image de marque et accroître notre présence sur les médias sociaux.
Bref, nous avons vraiment misé sur l’automatisation de nos processus d’affaires pour amener Gardium à l’image d’aujourd’hui.
Pour l’année 2020, j’ai vraiment des sentiments très partagés!
D’un côté, pour nous, 2020 a été une occasion de nous déployer, d’appuyer et d’aider la population. D’un autre, nous savons que cela a été (et que c’est encore) une période extrêmement difficile pour plusieurs personnes, qui ont perdu leur emploi ou pire encore, des proches. Nous restons donc humbles face aux opportunités dont nous avons bénéficiées.
En quelques mots, je qualifierais l’année 2020 de grandes turbulences. Nous avons navigué dans des eaux très agitées, mais qui nous ont été finalement favorables.
Pour Gardium, notre entreprise est solide et je suis pleinement confiant envers son futur et sa progression stable et continue.
Pour l’industrie, une fois la pandémie terminée, je me demande combien d’agents resteront des nôtres. En temps normal, le Québec comptait environ 19 000 agents de sécurité. Nous sommes passés à 29 000. De ces 10 000 agents supplémentaires, certains retrouveront leur métier régulier, d’autres demeureront dans notre industrie. Combien resteront? L’avenir nous le dira.
En terminant, il y a quelques années déjà, l’industrie a amorcé une professionnalisation du métier d’agent de sécurité et je suis d’avis que l’image de ces agents a été positivement modifiée durant cette pandémie. L’agent de sécurité a été impliqué activement durant la crise auprès de la population et je suis persuadé aujourd’hui que celle-ci voit d’une meilleure façon ce métier. Pour l’industrie, nous devons miser sur la formation afin de continuer à renforcer l’image de l’agent auprès de ces clientèles. Il ne fait aucun doute que depuis 20 ans, nous avons fait des progrès!